Wiesärek : famille nombreuse, très nombreuse

Tout le monde le sait, Wiesärek passe son temps libre à faire des enfants, et il encourage ses descendants à faire de même. A l’heure actuelle, les dragons féeriques sont très très largement majoritaires dans le monde de Scales.

En soi, même si tout le monde sait que les féériques sont les plus nombreux, personne n’a véritablement conscience du nombre pharamineux qu’ils ont atteint. De toute manière, pour les grands-dragons, les féeriques peuvent être aussi nombreux qu’ils le veulent, ces gros caniches écailleux et édentés ne représenteront jamais une réelle menace.

Mais alors, pourquoi Wiesärek tient-il autant à garder secret la taille de sa famille (voir le Scénario A10-Gleipnir) ?

Il a une très bonne raison, liée à son autre grand secret : tous les êtres magiques sont des descendants des féeriques.

Cela aussi est un étrange secret… en quoi ce fait peut-il intéresser qui que ce soit ? Les êtres magiques ont tellement évolué qu’ils n’ont quasiment plus aucun rapport avec un féerique. Même parmi eux, nombreux, très nombreux, seront ceux que cette révélation laisserait froid.

Ah… je suis un descendant des féeriques… super, qu’est-ce que j’en ai à foutre ?
Et je ne parle même pas des dragons, surtout des grands-pères : Ce sont des descendants des féeriques ? Ah, déjà que les féeriques sont une sous-race, que voulez-vous que ça me fasse que les êtres magiques soient issus de cette dégénérescence ? De toute manière, ni les uns, ni les autres ne représentent une véritable menace pour moi. À la limite pour mon organisation… si eux-mêmes étaient capables de s’organiser…

Il faut avouer que ce secret vient de loin, de très loin. Et en fait, c’est probablement la manipulation la plus fantastique qu’un dragon ait jamais réalisée.

Pour comprendre tout ça, il nous faut revenir un peu sur d’autres points :
Tous les êtres vivants baignent dans la Mana, mais elle n’y reste pas. En gros, la Mana est un flux et un reflux constant qui traverse le corps des êtres vivants. On peut considérer que tous les êtres vivants originaires de la Terre laissent passer tranquillement la Mana au travers de leurs corps et ne gênent en rien ses « mouvements », ni ne la consomment.

Sauf, justement, chez les dragons. C’est pourquoi elle considère les dragons comme des parasites dangereux. En effet, eux ils stockent la Mana et s’en nourrissent. Au fil du temps, ils finiront par la consommer. Par exemple, les druides et autres êtres divins sont simplement des « canaliseurs » de Mana, elle circule librement en eux, mais en plus grosse quantité que chez la moyenne des êtres vivants.

Un dragon gère la Mana de deux manières. La première est la Mana que j’appellerai vitale, c’est celle qui anime les cellules de son corps et qui permet à tous les êtres vivants de vivre, cette Mana est originaire de la Mana ambiante et provient simplement de l’imprégnation des cellules dans un milieu plein de Mana. La seconde, c’est une glande qui stocke la Mana. Cette glande sert de réserve et permet au dragon de relâcher de la Mana pour diverses choses (voyager dans l’espace, lancer des sortilèges, alimenter la Mana vitale quand le dragon vit dans un milieu qui n’a pas de Mana ambiante…). Cette capacité de stockage est une des grandes forces des dragons, à la différence de nous autres pauvres humains qui sommes totalement dépendants de la Mana ambiante pour faire vivre nos corps. Un dragon alimente en permanence cette glande, mais de façon totalement régulée et instinctive.

Enfin, quand on parle de glande, c’est beaucoup dire. Une telle trouvaille ferait la joie de nombre de technomanciens. Pensez ! Une glande dans laquelle récupérer toute la mana d’un dragon. C’est mieux que la pierre philosophale… En fait, c’est bien un système organique qui retient la mana mais il est plus semblable au système nerveux et il en épouse le tracé même s’il n’a pas la même densité. Et non, la cervelle d’un dragon ne renferme pas forcément plus de mana que ses bras. Surtout s’il s’agit d’une wyvern…

La manœuvre qui consiste à bouffer la Mana d’une planète relève d’un travail de haute précision. En effet, il existe un énorme risque. Tout d’abord, il faut que le dragon ouvre la totalité de ses capacités d’absorption, il relâche consciemment les sécurités naturelles de sa glande, et ensuite, il aspire, il aspire. Cela lui permet de dépasser (de beaucoup) les limites naturelles de stockage de la glande. À ceci correspondent plusieurs risques. Le principal, c’est qu’une fois la manœuvre démarrée, il est impossible au dragon de s’arrêter. En gros, une fois que les vannes de son corps sont ouvertes, il est impossible au dragon de stopper le processus jusqu’à satiété.

Ensuite, si le flux de Mana ambiante aspiré est trop important, la planète victime des agissements du dragon s’effondre sur elle-même. Je vous laisse imaginer les conséquences pour le dragon qui se trouve à proximité (ou même carrément à la surface) d’une planète qui s’effondre sur elle-même.

Malheureusement pour le dragon, il ne contrôle que très difficilement les exigences de son corps (franchement, ils devraient faire du yoga ) s’il ouvre les vannes trop grandes, le flux de mana devient trop puissant et la planète ne peut pas le supporter : elle s’effondre sur elle-même avant même d’être à sec. S’il n’ouvre pas assez les vannes, le flux est trop peu important et sa glande (on se comprend) qui exige de la Mana finit par se nourrir directement sur la bête (soit directement sur la Mana contenue dans toutes les cellules du dragon). En peu de temps, le dragon bouffe sa propre Mana, celle qui lui est nécessaire pour vivre. Tout le souci de la manœuvre est de contrôler le flux, ce qui est très difficile quand on est en train de baffrer comme un goinfre. C’est pourquoi travailler à deux rend les choses plus faciles, un dragon se préoccupe plus de contrôler le flux que de bouffer, alors que l’autre se concentre sur la bouffe en elle-même.

L’association des deux dragons, permet de créer une sorte de « vase communiquant » entre eux et de réguler naturellement le débit de Mana. Je le rappelle, ce n’est pas la quantité de Mana absorbée qui risque de faire effondrer une planète sur elle-même, mais bien le débit auquel elle est soumise. Une planète totalement vidée dans les règles de l’art, ne s’effondre pas, elle devient simplement un gros machin stérile de plus dans l’espace.

Une fois la machine lancée, il faut une grande quantité de mana pour satisfaire la glande, s’il n’y a pas de Mana ambiante en quantité suffisante, de la même manière que pour un flux pas assez important, la glande se nourrira sur la bête.

La Mana en elle-même. Un dragon, bouffe la Mana ambiante quand il veut voyager dans l’espace. Lors de l’aspiration, il n’a pas accès à la Mana stockée sous forme « dense ». D’où, le côté pratique des réserves dans les roches (un petit tremblement de terre et c’est bon) ou des réceptacles, car la tendance naturelle du dragon aspirateur est qu’en même plus à la surcharge du flux que l’inverse (hou là…, je tire un peu trop sur la Mana ambiante, libérons vite un peu du stock, ça me donnera le temps de me reprendre et limiter mon aspiration de la Mana ambiante). Mais en fait, la roche et les réceptacles ne sont pas les seuls « réservoirs » de Mana : les dragons en eux-mêmes grâce à leurs glandes peuvent être considérés comme des réservoirs naturels de Mana condensée.

Enfin, on rappelle que le niveau de Mana est constant, il fonctionne par palier, mais on peut considérer que la quantité de Mana totale est toujours égale à la somme du niveau de la Mana ambiante et de la Mana stockée. Donc, à tout moment, il n’y a qu’une quantité limitée de Mana ambiante qui dépend de la quantité de Mana stockée (d’où la brusque élévation de Mana ambiante lors du relâchement du puits de QuetzalCoatl).

Donc, de tout cela dépend le plan de Wiesärek. Dans son petit esprit vicieux, il y a longtemps, il fomenta un plan : il fallait que quand les dragons aspireraient la Mana de la planète, la quantité de Mana stockée soit tellement importante que les dragons ne pourraient jamais alimenter leur glande réservoir. Ce qui fait que ces imbéciles boufferaient leur propre mana et là : Adieu les gros bœufs !

Son problème étant qu’il était incapable de stocker la Mana dans des milliers de réceptacles ou dans les roches. Mais il avait à sa disposition de petits réservoirs naturels : ses enfants. Le tout étant d’avoir suffisamment d’enfants. De cette réflexion sortit l’évidente conclusion : « Je vais avoir une très grande famille ! ».

À l’heure actuelle, il ne sait pas s’il a assez d’enfants pour limiter le flux, mais il pense ne pas en être loin. Surtout grâce à la prolifération des êtres magiques.

En effet, on a beau dire que les êtres magiques sont maintenant accordés à la planète et que celle-ci considère qu’ils font partie de la mana ambiante, que la mana qui est en eux est libre, il n’en reste pas moins qu’ils sont à l’origine des dragons. À cause de cela, on peut considérer qu’ils stockent de la Mana sous forme condensée, un peu à la manière d’un dragon, mais en beaucoup plus faible quantité. Mana qui devient par le fait inaccessible à un dragon qui se nourrit. C’est aussi la raison pour laquelle il favorise les gestalts, grâce à cela, il peut avoir de « grosses » réserves de Mana ambulantes et générer plein de petites réserves secrètes.

Voilà la raison du secret du nombre d’enfants et de la nature réelle des êtres magiques. Ceux-ci furent une très bonne surprise pour lui. Tant que les dragons ne prennent pas conscience du lien familial entre eux et les êtres magiques, ils considèreront qu’ils sont d’origines terrestres et que la Mana qui les anime est de la Mana ambiante, donc totalement aspirable.

En soit, vous pourriez me dire : mais pourquoi les grands-dragons ont-ils faits des enfants ? S’ils sont au courant que ces « réserves » de mana leur seront inaccessibles et que cela représente un danger pour eux, c’est absurde.

Certes ! répondrais-je, mais d’abord ils ont estimé que ces « descendants » ne seraient jamais assez nombreux pour poser problème et qu’ensuite, une fois le moment venu, ils seraient assez facile de les éliminer (Il faut aussi avouer qu’ils n’avaient pas pensé avoir autant de dragons rebelles qui échapperaient totalement à leur contrôle : c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles certaines familles qui espèrent bien repartir dans l’espace tolèrent aussi mal les rebelles.)

À la limite :
- Que les dragons prennent conscience du nombre de féeriques, Wiesärek se ferait un peu tirer les oreilles par sa famille, on lui dirait qu’il exagère un peu, que ça fera du boulot pour tuer tout ça.
- Que les dragons apprennent le lien familial qui les unit aux êtres magiques, on lui dirait que ça fait quand même beaucoup de minuscules réserves de mana qui traînent. Il faudrait voir à ce que ça ne se multiplie pas trop ces petites bêtes.
- Que les dragons apprennent les deux secrets, et on lui dira : Non, mais tu déconnes total, avec tous les féeriques, plus tous les êtres magiques, il ne restera jamais assez de Mana à disposition quand on voudra partir dans l’espace. Mais à quoi songeais-tu ? Souhaiterais-tu notre mort ?

Ce qui est le cas. Et c’est bien gênant pour Wiesärek…